Home - VIS Vatican - Réception du VIS - Contactez-nous - Calendrier VIS

Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

dernières 5 nouvelles

VISnews  Twitter Go to YouTube

mercredi 8 juillet 2015

Messe au Parc du Bicentenaire de Quito


Cité du Vatican, 8 juillet 2015 (VIS). Après avoir rencontré hier matin (à 9 h locales) l'épiscopat équatorien. à portes closes au Parc du Bicentenaire de Quito, le Saint-Père a circulé en voiture panoramique parmi la foule des fidèles (estimée à un million et demi de personnes) rassemblés sur la grande esplanade du site. Ayant revêtu les ornements liturgiques, confectionnés par des artisans et des carmélites et marqués du lys symbolisant la première sainte du pays (Mariana de Jesús) et du Sacré Coeur (auquel est consacré l'Equateur), le Pape a concélébré une grand messe pour l'évangélisation avec l'épiscopat national et 1.200 prêtres. A l'homélie, il a développé le double thème de la libération de l'inégalité et du péché, de la nécessité de la solidarité et de l'évangélisation comme véhicule d'unité:

"La parole de Dieu nous invite à vivre l’unité pour que le monde croie. J’imagine ce susurrement de Jésus lors de la dernière Cène comme un cri en cette messe... Le bicentenaire de ce cri de l’indépendance de l’Amérique hispanique. C’était un cri, né de la conscience de manque de libertés, la conscience d’être objet d’oppression et de pillages, sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. Je voudrais qu’aujourd’hui les deux cris coïncident sous le beau défi de l’évangélisation. Non pas par des paroles pompeuses, ni par des termes compliqués, mais qu’il jaillisse, ce cri, de la joie de l’Evangile qui remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Nous autres, ici réunis, tous ensemble autour de la table avec Jésus, nous sommes un cri, une clameur née de la conviction que sa présence nous incite à l’unité, indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. Père, qu’ils soient un pour que le monde croie, c’est ainsi qu’il l’a souhaité en regardant le ciel. Cette demande jaillit chez Jésus dans un contexte d’envoi: Comme tu m’as envoyé dans monde, moi aussi, je les envoie dans le monde. En ce moment, le Seigneur expérimente dans sa propre chair le pire de ce monde qu’il aime à la folie, tel qu'il est, fait d'intrigues, de méfiances, de trahisons. Mais il ne cache pas la tête, il ne se lamente pas. Nous aussi nous constatons chaque jour que nous vivons dans un monde lacéré par les guerres et la violence. Ce serait superficiel de penser que la division et la haine affectent seulement les tensions entre les pays ou les groupes sociaux. En réalité, elles sont la manifestation de cet individualisme diffus qui nous sépare et nous oppose, de la blessure du péché dans le cœur des personnes, dont la société et la création entière souffrent les conséquences. Précisément, à ce monde rebelle, Jésus nous envoie, et notre réponse n’est pas de faire les distraits, d’arguer que nous n’avons pas les moyens ou que la réalité nous dépasse. Notre réponse répète le cri de Jésus et accepte la grâce ainsi que la tâche de l’unité. A ce cri de liberté lancé il y a plus de 2.000 ans, il n’a manqué ni conviction ni force, mais l’histoire nous relate qu’il a été indiscutable seulement quand il a laissé de côté les individualismes, la volonté de leadership uniques, le manque de compréhension d’autres processus de libération ayant des caractéristiques différentes mais pas pour autant antagoniques".

"L’évangélisation peut être le véhicule d’unité des aspirations, des sensibilités, des espoirs et même de certaines utopies. Bien sûr que oui, nous le croyons et le crions. Je l’ai déjà dit: Tandis que dans le monde, spécialement dans certains pays, réapparaissent diverses formes de guerre et de conflits, nous, les chrétiens, nous insistons sur la proposition de reconnaître l’autre, de soigner les blessures, de construire des ponts, de resserrer les relations et de nous aider à porter les fardeaux les uns des autres. Le désir d’unité suppose la douce et réconfortante joie d’évangéliser, la conviction d’avoir un bien immense à communiquer et qu’en le communiquant, il s’enracine, et quiconque a vécu cette expérience acquiert plus de sensibilité pour les besoins des autres. D’où la nécessité de lutter pour l’inclusion à tous les niveaux, en évitant des égoïsmes, en promouvant la communication et le dialogue, en encourageant la collaboration. Il faut ouvrir le cœur au compagnon de route sans craintes, sans méfiances. Se confier à l’autre est quelque chose d’artisanal. La paix est artisanale et il est impensable que brille l’unité si la mondanité spirituelle fait que nous sommes en guerre entre nous, dans une recherche stérile de pouvoir, de prestige, de plaisir ou de sécurité économique. Cette unité est déjà une action missionnaire pour que le monde croie. L’évangélisation ne consiste pas à se livrer au prosélytisme, mais à attirer à travers notre témoignage ceux qui sont éloignés, à s’approcher humblement de ceux qui se sentent loin de Dieu et de l’Eglise, de ceux qui sont craintifs ou de ceux qui sont indifférents pour leur dire: Le Seigneur t’appelle toi aussi à faire partie de son peuple et il le fait avec grand respect et amour".

"La mission de l’Eglise, comme sacrement de salut, correspond à son identité comme peuple en chemin, ayant pour vocation d’incorporer dans sa marche toutes les nations de la terre. Plus intense est la communion entre nous, plus s’en trouve favorisée la mission. Mettre l’Eglise en état de mission nous demande de recréer la communion, car il ne s’agit pas d’une action uniquement vers l’extérieur. Nous réalisions la mission à l’intérieur et nous sommes en mission vers l’extérieur comme une mère qui va à la rencontre, une maison accueillante, une école permanente de communion missionnaire. Ce rêve de Jésus est possible parce qu’il nous a consacrés, pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. La vie spirituelle de l’évangélisateur naît de cette vérité si profonde, qui ne se confond pas avec quelques moments religieux qui apportent un certain soulagement. Jésus nous consacre pour susciter une rencontre personnelle avec lui, qui alimente la rencontre avec les autres, l’engagement dans le monde, la passion évangélisatrice. L’intimité de Dieu, incompréhensible pour nous, se révèle à nous à travers des images qui nous parlent de communion, de communication, de don, d’amour. Voilà pourquoi l’union que Jésus demande n’est pas une uniformité mais l’harmonie multiforme qui attire. L’immense richesse de ce qui est varié, de ce qui est multiple, atteignant l’unité chaque fois que nous faisons mémoire de ce Jeudi Saint, nous éloigne de la tentation de propositions plus proches des dictatures, des idéologies ou des sectarismes. Ce n’est pas non plus un arrangement fait à notre mesure, dans lequel nous posons les conditions, choisissons les composantes et excluons les autres. Jésus prie pour que nous fassions partie d’une grande famille, dans laquelle Dieu est notre Père et tous nous sommes frères. Cela ne se fonde pas sur le fait d’avoir les mêmes goûts, les mêmes inquiétudes, les mêmes talents. Nous sommes frères parce que, par amour, Dieu nous a créés et nous a destinés, de sa propre initiative, à être ses enfants. Nous sommes frères parce que Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie Abba, Père! Nous sommes frères parce que, justifiés par le sang de Christ Jésus, nous sommes passés de la mort à la vie, devenus cohéritiers de la promesse. C’est le salut que Dieu réalise et que l’Eglise annonce avec joie, le faire partie du nous divin. Notre cri, en ce lieu qui rappelle ce premier cri de la liberté, actualise celui de saint Paul: Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile! Ce cri est si urgent et pressant comme celui de ceux qui désirent l’indépendance. Il a une fascination semblable, le même feu qui attire. Soyez des témoins d’une communion fraternelle qui devient resplendissante".


"Qu’il serait beau que tous puissent admirer comment nous prenons soin les uns des autres. Comment mutuellement nous nous encourageons et comment nous nous accompagnons. Le don de soi est celui qui établit la relation interpersonnelle qui ne se génère pas en donnant des choses, mais en se donnant soi-même. Dans tout don, s’offre la personne même. Se donner signifie laisser agir en soi-même toute la puissance de l’amour qui est l’Esprit de Dieu et ainsi faire place à sa force créatrice. En se donnant, l’homme se retrouve lui-même avec sa véritable identité de fils de Dieu, semblable au Père et, comme lui, donneur de vie, frère de Jésus, auquel il rend témoignage. C’est cela évangéliser, c’est cela notre révolution parce que notre foi est toujours révolutionnaire. C’est cela notre cri le plus profond et le plus constant". 

Rencontre avec le monde universitaire


Cité du Vatican, 8 juillet 2015 (VIS). Le Saint-Père s'est rendu hier après-midi (vers 17 h locales) à l'Université catholique de l'Equateur, fondée en 1946 par les Jésuites et comptant 30.000 inscrits. Après l'introduction du Recteur, les saluts du Président de la Commission épiscopale pour l'éducation et la culture, la récitation commune d'une prière composée par saint Miguel Febres Cordero et la lecture de l'Evangile de Luc, le Pape François a prononcé le discours suivant:

"Dans l'Evangile, nous venons d’entendre comment Jésus, le Maître, enseignait à la foule et au petit groupe des disciples, en s’adaptant à leur capacité de compréhension. Il le faisait par des paraboles, comme celle du Semeur, de telle manière que tous pouvaient comprendre. Jésus ne cherchait pas à faire le docteur. Au contraire, il veut atteindre le cœur de l'homme, son intelligence, sa vie, pour que celle-ci porte du fruit. La parabole du Semeur nous parle de cultiver. Elle nous montre les espèces de terre, les espèces de semence, les espèces de fruit et la relation qui est générée entre elles. Déjà depuis la Genèse, Dieu murmure à l'homme cette invitation à cultiver et prendre soin de la création. Non seulement Dieu lui donne la vie, la terre, la création, non seulement il lui donne un partenaire et une infinité de possibilités, il lui adresse aussi une invitation, il lui donne une mission. Il l'invite à prendre part à son œuvre créatrice et il lui dit de cultiver. Je te donne la semence, la terre, l'eau, le soleil, je te donne tes mains et celle de tes frères. Tu les as, là, ils sont aussi tiens. C'est un cadeau, un don, une offre. Ce n'est pas quelque chose d'acquis, d’acheté. Il nous précède et subsistera après nous. C'est un don fait par Dieu pour qu'avec lui nous puissions le faire nôtre. Dieu ne veut pas une création pour lui-même, pour se regarder lui-même. C’est tout le contraire. La création, c'est un don destiné à être partagé. C'est l'espace que Dieu nous donne, pour construire avec nous, pour construire un nous. Le monde, l'histoire, le temps sont le lieu où nous construisons le nous avec Dieu, le nous avec les autres, le nous avec la terre. Notre vie cache toujours cette invitation, une invitation plus ou moins consciente, qui subsiste toujours".

Mais, "avec la parole cultiver, Dieu dit immédiatement de protéger la création. L’une explique l’autre. L’une va de pair avec l’autre. Ne cultive pas qui ne protège pas et ne protège pas qui ne cultive pas. Non seulement nous sommes invités à prendre part à l'œuvre créatrice en la cultivant, en la faisant croître, en la développant, mais aussi nous sommes invités à en prendre soin, à la protéger, à la garder. Aujourd'hui cette invitation s'impose à nous de force. Non plus comme une simple recommandation, mais comme une exigence qui naît en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée. Il existe un lien entre notre vie et celle de notre mère la terre, entre notre existence et le don que Dieu nous a fait. L’environnement social et l’environnement naturel se dégradent ensemble, et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégradation de l’environnement si nous ne prêtons pas attention aux causes qui sont en rapport avec la dégradation humaine et sociale. Mais de même que nous disons ils se dégradent, de la même manière nous pouvons dire ils se soutiennent et peuvent se transfigurer. C'est une relation qui maintient une possibilité, tant d’ouverture, de transformation, de vie que de destruction et de mort. Il est évident que nous ne pouvons pas continuer à tourner le dos à la réalité, à nos frères, à notre mère la terre. Il n’est pas permis d’ignorer ce qui se passe autour de nous, comme si certaines situations n’existaient pas ou n’avaient rien à voir avec notre réalité, Il n'est ni juste ni digne de faire le jeu de la culture du rebut". Face à la question posée par Dieu à Caïn, Où est ton frère?, "je me demande si notre réponse continuera d'être Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère? Je vis à Rome et l'hiver il fait froid. Il arrive qu'on trouve le matin près du Vatican un mort de froid. Personne n'en parle, pas un mot dans la presse. Un pauvre qui meurt de froid n'est pas intéressant, comme les moindres fluctuations des bourses. Où est notre frère? Je vous les demande à vous, universitaires catholiques".

"Il serait bon de nous interroger sur notre éducation face à cette terre qui crie vers le ciel. Nos institutions éducatives et universitaires sont une pépinière, une possibilité, une terre fertile que nous devons soigner, stimuler et protéger. Une terre fertile assoiffée de vie... Vous, les éducateurs, veillez-vous sur vos étudiants, en les aidant à développer un esprit critique, un esprit libre, capable de protéger le monde d'aujourd'hui? Un esprit capable de chercher de nouvelles réponses aux défis multiples que la société nous pose? Etes-vous capables de les encourager à ne pas se désintéresser de la réalité qui les entoure? Comment, dans le programme universitaire ou dans les divers domaines du travail éducatif, entre la vie qui nous entoure, avec ses questions, ses interrogations, ses questionnements? Comment générons-nous et accompagnons-nous le débat constructeur, qui naît du dialogue en vue d'un monde plus humain? Il y a une réflexion qui nous concerne tous, les familles, les enseignants: Comment aidons-nous nos jeunes à ne pas considérer un diplôme universitaire comme synonyme d’un statut supérieur, comme synonyme de plus d'argent, de prestige social? Comment aidons-nous à considérer cette préparation comme signe de plus grande responsabilité face aux problèmes de nos jours, face à la protection du plus pauvre, face à la sauvegarde de l’environnement? Et vous, chers jeunes, présent et avenir de l'Equateur, semence de transformation de cette société, savez-vous que ce temps d'étude, n'est pas seulement un droit mais un privilège? Combien d'amis, de personnes connues ou inconnues voudraient avoir un espace en ce lieu et qui pour diverses circonstances ne l'ont pas eu? Dans quelle mesure nos études nous aident-elles à nous solidariser avec eux? Les structures éducatives et universitaires ont une tâche fondamentale, essentielle, dans la construction de la citoyenneté et de la culture. Il ne suffit pas de réaliser des analyses, des descriptions de la réalité, il est nécessaire de créer les domaines, les espaces de vraie recherche, de débats qui offrent des alternatives aux problématiques existantes, surtout aujourd'hui".


"Face à la globalisation du paradigme technocratique qui tend à croire que tout accroissement de puissance est en soi progrès, un degré plus haut de sécurité, d’utilité, de bien-être, de force vitale, de plénitude des valeurs, comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique, il nous est demandé d'urgence de nous résoudre à penser, à chercher à débattre sur notre situation actuelle, sur quel genre de culture nous désirons ou voulons non seulement pour nous, mais aussi pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Cette terre, nous l'avons reçue comme un héritage, comme un don, comme un cadeau. Il serait bon de nous demander comment nous voulons la laisser? Quelle orientation, quel sens voulons-nous imprimer à l'existence? Pour quoi passons-nous par ce monde ? Pour quoi luttons-nous et travaillons-nous? Les initiatives individuelles sont toujours bonnes et fondamentales, mais il nous est demandé de faire un pas de plus, celui de nous résoudre à voir la réalité de façon organique et non fragmentaire, de nous résoudre à nous poser des questions qui nous incluent tous, puisque tout est lié... Que l’Esprit Saint nous inspire et nous accompagne, puisqu'il nous a convoqués, nous a invités, nous a offert l'opportunité et, à son tour, la responsabilité de donner le meilleur de nous-mêmes. Il nous offre la force et la lumière dont nous avons besoin. C'est le même Esprit qui, le premier jour de la création, planait sur les eaux, voulant transformer, voulant donner vie. C'est le même Esprit qui a donné aux disciples la force de Pentecôte. C'est le même Esprit qui ne nous abandonne pas et se fait un avec nous pour que nous trouvions des chemins d’une nouvelle vie. Que ce soit lui, notre maître et compagnon de route!".

Pratiquer la gratitude, la solidarité et la subsidiarité


Cité du Vatican, 8 juillet 2015 (VIS). A Quito hier vers 18 h locales, le Pape s'est rendu en l'église St.François qui, avec le couvent adjacent, constitue l'édifice catholique le plus ancien de l'Amérique latine, construit par les franciscains trois ans seulement après la fondation de la ville en 1533. L'ensemble, achevé en 1680, est surnommé l'Escorial du Nouveau Monde. Là il s'est adressé aux représentants de la culture, de l'économie, de l'entreprise, du volontariat et du sport. Avant d'entrer dans l’église, a-t-il dit, "le maire m'a remis les clefs de la ville. Ainsi je peux dire qu'ici, à St.François de Quito, je suis à la maison. La marque de confiance et d'affection dont vous faites preuve, en m’ouvrant les portes, me permet de vous présenter quelques clés de la cohabitation citoyenne à partir de la vie familiale". Après l'introduction du Président de la Commission épiscopale pour les laïcs, et les témoignages de trois d'entre eux, le Saint-Père a prononcé le discours suivant:

"Notre société est gagnante quand chaque personne, chaque groupe social, se sent vraiment à la maison. Dans une famille, les parents, les grands-parents, les enfants sont de la maison. Personne n'est exclu. Si l'un d’eux a une difficulté, même grave, bien qu'il l'ait cherchée, les autres vont à son secours, le soutiennent partagent l'épreuve. Ne devrait-il pas en être de même dans la société? Et, cependant, nos relations sociales ou bien le jeu politique, souvent se fondent sur la confrontation, sur le rejet. Ma position, mon idée, mon projet se consolident si je suis capable de vaincre l'autre, de m'imposer. Est-ce être famille cela? Dans les familles, tous contribuent au projet commun, tous travaillent pour le bien commun, mais sans annihiler chaque membre. Au contraire, ils le soutiennent et s'entraident. Les joies et les peines de chacun sont assumées par tous. C’est cela être famille. Si nous pouvions voir l'adversaire politique, le voisin de maison du même œil que nos enfants, nos épouses ou époux, nos pères ou nos mères. Aimons-nous notre société? Aimons-nous notre pays, la communauté que nous essayons de construire? L'aimons-nous seulement par les concepts spéculatifs, en théorie? Aimons-la à travers les œuvres plus que par les paroles! En chaque personne, dans le concret, dans la vie que nous partageons. L'amour tend toujours à la communication, jamais à l'isolement. C'est à partir de cet attachement que surgiront des gestes simples qui renforcent les liens personnels. En diverses occasions, je me suis référé à l'importance de la famille comme cellule de la société. Dans le cercle familial, les personnes reçoivent les valeurs fondamentales d'amour, de fraternité et de respect mutuel qui se traduisent dans des valeurs sociales essentielles : la gratuité, la solidarité et la subsidiarité. Pour les parents, tous leurs enfants, bien que chacun ait son propre caractère, sont objet d’amour sans distinction. En revanche, l'enfant, quand il se refuse à partager ce qu'il reçoit gratuitement d’eux, rompt cette relation. L'amour des parents l’aide à sortir de son égoïsme pour apprendre à vivre ensemble avec les autres, à céder, pour s’ouvrir à l'autre. Au niveau social, cela suppose d’assumer que la gratuité n'est pas un complément mais une condition requise de la justice. Ce que nous sommes et ce que nous avons nous a été confié pour que nous le mettions au service des autres. Notre tâche consiste à le faire fructifier dans des œuvres de bien. Les biens sont destinés à tous, et même si quelqu’un fait étalage de sa propriété, une hypothèque sociale pèse toujours sur celle-ci. On dépasse ainsi le concept économique de justice, fondé sur le principe d’un contrat d’achat et de vente, avec le concept de justice sociale qui défend le droit fondamental de la personne à une vie digne. L'exploitation des ressources naturelles, si abondantes en Equateur, ne doit pas viser le bénéfice immédiat. Etre administrateurs de cette richesse que nous avons reçue nous engage envers la société dans son ensemble et envers les générations futures, à qui nous ne pourrons pas léguer ce patrimoine sans une adéquate sauvegarde de l'environnement, sans une conscience de gratuité qui germe de la contemplation du monde créé".

Sont ici présents des frères appartenant aux peuples autochtones, "provenant de l’Amazonie équatorienne, une des zones les plus riches en biodiversité, en espèces endémiques rares ou ayant un faible degré de protection effective. Ces zones requièrent une protection particulière à cause de leur énorme importance pour l’écosystème mondial car elles présentent une biodiversité d’une énorme complexité, presqu’impossible à répertorier intégralement, mais quand ces forêts sont brûlées ou rasées pour développer des cultures, d’innombrables espèces disparaissent en peu d’années, quand elles ne se transforment pas en déserts arides. Là, avec d’autres pays disposant de régions amazoniennes, l'Equateur a une opportunité pour exercer la pédagogie d'une écologie intégrale. Nous avons reçu le monde comme héritage de nos parents, mais aussi comme prêt auprès des générations futures à qui nous devons le rendre. De la fraternité vécue en famille, naît la solidarité dans la société, qui ne consiste pas uniquement à donner à qui est dans le besoin, mais à être responsable les uns des autres. Si nous voyons dans l'autre un frère, personne ne peut demeurer exclu, écarté. Comme beaucoup de peuples latino-américains, l'Equateur expérimente aujourd'hui de profonds changements sociaux et culturels, de nouveaux défis qui requièrent la participation de tous les acteurs sociaux. La migration, la concentration urbaine, le consumérisme, la crise de la famille, le manque de travail, les poches de pauvreté produisent une incertitude et des tensions qui constituent une menace à la cohabitation sociale. Les normes et les lois, ainsi que les projets de la communauté civile, doivent rechercher l'inclusion, ouvrir des espaces de dialogue, de rencontre et ainsi abandonner comme un douloureux souvenir toute forme de répression, le contrôle démesuré et la restriction des libertés. L'espérance d’un meilleur avenir passe par l’offre d’opportunités réelles aux citoyens, spécialement aux jeunes, à travers la création d’emploi, avec une croissance économique qui arrive à tous, et ne reste pas dans les statistiques macroéconomiques, avec un développement durable qui génère un tissu social ferme et un bien de cohésion".

"Enfin, le respect de l'autre qui s’apprend en famille se traduit dans le domaine social par la subsidiarité. Présumer que notre option n'est pas nécessairement l’unique légitime est un exercice sain d'humilité. En reconnaissant ce qui est bon dans les autres, y compris avec leurs limitations, nous voyons la richesse que renferme la diversité et la valeur de la complémentarité. Les hommes, les groupes ont le droit de parcourir leur chemin, bien que parfois cela suppose de commettre des erreurs. Dans le respect de la liberté, la société civile est appelée à promouvoir chaque personne et chaque agent social pour qu'ils puissent assumer leur propre rôle et contribuer avec leur spécificité au bien commun. Le dialogue est nécessaire, fondamental, pour arriver à la vérité, qui ne peut pas être imposée, mais doit être recherchée avec sincérité et avec un esprit critique. Dans une démocratie participative, chacune des forces sociales, les groupes indigènes, les afro-équatoriens, les femmes, les regroupements de citoyens et tous ceux qui travaillent pour la communauté dans les services publics sont des protagonistes indispensables dans ce dialogue. Les murs, les cours intérieures et les cloîtres de ce lieu le disent avec une plus grande éloquence. Reposant sur des éléments de la culture inca et caranqui, la beauté de leurs proportions et de leurs formes, la hardiesse de leurs différents styles combinés de manière remarquable, les œuvres d'art qui reçoivent le nom d'école de Quito, condensent un dialogue étendu, avec des réussites et des erreurs, de l'histoire équatorienne. L'aujourd'hui est plein de beauté, et même s’il est certain que par le passé il y a eu des maladresses et des violations. Comment le nier! Nous pouvons affirmer que l'ensemble irradie tant d'exubérance qui nous permet de regarder l'avenir avec beaucoup d'espérance. L'Eglise aussi veut collaborer dans la recherche du bien commun, à travers ses activités sociales, éducatives, en promouvant les valeurs éthiques et spirituelles, en étant un signe prophétique qui apporte un rayon de lumière et d’espérance à tous, spécialement à ceux qui sont le plus dans le besoin. Merci...de porter mes paroles d’encouragement aux groupes que vous représentez dans les divers secteurs sociaux. Que le Seigneur accorde à la société civile que vous représentez d’être toujours ce lieu adéquat où ces valeurs sont vécues".


Après cette rencontre, le Pape François a conclu la journée par une visite privée à l'église de la Compagnie de Jésus, construite entre 1605 et 1765, un des édifices majeurs de l'architecture du Nouveau Monde. Après s'être entretenu avec les religieux et prié devant un tableau représentant la Vierge des Douleurs, il est rentré à la nonciature. Ce 8 juillet, il doit tout d'abord rencontrer des personnes âgées à une vingtaine de kilomètres de Quito, puis le clergé équatorien au sanctuaire marial de El Quinche. Après qui, il quittera l'Equateur à destination de la Bolivie. 

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 8 juillet 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé Mgr.José Luiz Gomes de Vasconcelos, Evêque de Sobral (superficie 17.634, population 962.000, catholiques 815.000, prêtres 71, religieux 114), au Brésil. Il était jusqu'ici Auxiliaire de l'Archevêque de Fortaleza (Brésil) et Administrateur apostolique du diocèse de Sobral depuis février dernier.


Copyright © VIS - Vatican Information Service