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dimanche 14 février 2016

Messe au sanctuaire marial de la Guadalupe


Cité du Vatican, 14 février 2016 (VIS). La journée du Pape s'est conclue hier par la célébration d'une messe en la Basilique de Notre-Dame de Guadalupe, le sanctuaire marial principal du Mexique, et le plus grand au monde, où viennent chaque année plus de vingt millions de pèlerins. Selon la tradition il se dresse sur le lieu des cinq apparitions (entre le 9 et le 12 décembre 1531) de la Vierge à l'indien Juan Diego, qui, avec son oncle Juan Bernardino, était un des premiers
convertis indigènes. le nom Guadalupe vient de la déformation du mot indien Coatlaxopeuh (vainqueur du serpent). La Vierge de Guadalupe a été déclarée Patronne du Mexique en 1737, Patronne et Impératrice des Amériques en 1910 et des Philippines en 1935. L'image miraculeuse de la Vierge conservée dans le sanctuaire est imprimée sur la tunique de Juan Diego. La nouvelle basilique, ayant remplacé l'ancienne en 1976, peut contenir 12.000 personnes, tandis que l'esplanade extérieure peut en accueillir 30.000. L'église du XVII siècle, qui s'était effondrée, est en restauration.

Le Saint-Père a parcouru en papamobile les seize kilomètres entre la capitale mexicaine et la colline de Tepeyac, où se dresse le sanctuaire. Arrivé à 16 h 45' locales (23 h 45' heure de Rome) à l'ancienne église du Christ-Roi, d'où il a gagné en procession à la nouvelle basilique. Il y a présidé une messe concélébrée en présence de plus de 35.000 fidèles. En voici l'importante homélie:

Evoquant la lecture du jour et la visite de Marie à Elisabeth, le Pape souligne combien malgré l'annonce de l'ange, elle se précipite au chevet de sa cousine. "C ette rencontre a ravivé et suscité une attitude pour laquelle Marie est et sera reconnue comme la femme du oui, un oui du don d’elle-même à Dieu, et en en même temps, un oui du don à ses frères. C’est le oui qui l’a poussée à donner le meilleur en se mettant en route vers les autres. Ecouter ce passage évangélique dans cette maison mariale a une saveur spéciale. Marie, la femme du oui, a voulu également visiter les habitants de cette terre d’Amérique à travers la personne de l’indien saint Juan Diego. Tout comme elle a parcouru les routes de Judée et de Galilée, de la même manière, elle a sillonné le Tepeyac, revêtant ses costumes, utilisant sa langue, pour servir cette grand peuple. Et tout comme elle a offert sa compagnie durant la grossesse d’Elisabeth, de même elle a accompagné et accompagne la gestation de cette terre mexicaine bénie. Tout comme elle s’est fait présente à Juan, de la même manière, elle continue d’être présente à nous tous, surtout à ceux qui, comme lui, sentent qu’ils ne valaient rien. Ce choix particulier, disons préférentiel, n’a été contre personne mais en faveur de tous... Ce matin de décembre 1531, se produisait le premier miracle qui sera ensuite la mémoire vivante de tout ce que sanctuaire protège. Ce matin-là, lors de cette rencontre, Dieu a éveillé l’espérance de Juan, l’espérance d’un peuple. Ce matin, Dieu a réveillé et réveille l’espérance des petits, des souffrants, des déplacés et des marginalisés, de tous ceux qui sentent qu’ils n’ont pas une place digne sur cette terre. Ce matin, Dieu s’est approché et s’approche du cœur souffrant mais endurant de tant de mères, pères, grands-parents, qui ont vu leurs enfants partir, se perdre, voire être arrachés de manière criminelle. Ce matin-là, Juan expérimente dans sa propre vie ce qu’est l’espérance, ce qu’est la miséricorde de Dieu. Il est choisi pour superviser, soigner, protéger et encourager la construction de ce Sanctuaire. A plusieurs occasions, il a dit à la Vierge qu’il n’était pas la personne indiquée, qu’au contraire, si elle voulait mener à bien cette œuvre, elle devrait choisir d’autres personnes, puisqu’il n’était pas cultivé, instruit ou qu’il ne faisait pas partie de ceux qui pouvaient le faire. Marie, obstinée de cette obstination qui naît du cœur miséricordieux du Père, lui dit non, qu’il sera, lui, son ambassadeur. Ainsi, elle réussit à éveiller une chose qu’il ne savait pas exprimer, un vrai étendard d’amour et de justice dans la construction de cet autre sanctuaire, celui de la vie, celui de nos communautés, de nos sociétés et de nos cultures, personne ne peut être marginalisé. Nous sommes tous nécessaires, surtout ceux qui normalement ne comptent pas parce qu’ils ne sont pas à la hauteur des circonstances ou parce qu’ils n’apportent pas le capital nécessaire aux travaux. Le sanctuaire de Dieu est la vie de ses enfants, de tous et dans toutes leurs conditions, surtout celle des jeunes sans avenir, exposés à d’interminables situations douloureuses, risquées, et celle des personnes âgées non reconnues, oubliées à tant d’endroits. Le sanctuaire de Dieu, ce sont nos familles qui ont besoin du minimum nécessaire pour pouvoir se construire et grandir. Le sanctuaire de Dieu, c’est le visage de tant de personnes qui croisent nos chemins". Ici, "il peut nous arriver la même chose qu’à Juan Diego. Regarder la Mère avec nos douleurs, nos peurs, nos désespoirs, nos tristesses et lui dire: Que puis-je apporter, moi, si je ne suis pas instruit?".

"Je crois qu’aujourd’hui un peu de silence nous fera du bien, tout comme regarder la Guadalupe, la regarder longuement et calmement, et lui dire comme l’a fait l’autre enfant qui l’aimait beaucoup:

Te regarder simplement, Mère,
laisser ouvert uniquement le regard.
Te regarder entièrement sans rien te dire,
tout te dire, sans paroles et avec respect.
Ne pas perturber le vent de ton visage,
uniquement bercer ma solitude violée,
dans tes yeux de Mère amoureuse
et dans ton nid de terre transparente.
Les heures s’évanouissent.
Secoués, les hommes insensés mordent les déchets
de la vie et de la mort, bruyamment.
Te regarder, Mère,
rien que te contempler,
le cœur muet dans ta tendresse,
dans ton silence chaste de lys.


La Guadalupe "nous dit qu’elle a l’honneur d’être notre mère. Cela nous donne la certitude que les larmes de ceux qui souffrent ne sont pas stériles. Elles sont une prière silencieuse qui monte vers le ciel et qui trouve toujours chez Marie une place sous son manteau. En elle et avec elle, Dieu se fait frère et compagnon de route, partage avec nous la croix pour que ne soyons pas écrasés par nos douleurs... Aujourd’hui, elle nous redit: sois mon ambassadeur, sois mon envoyé pour construire de nombreux et nouveaux sanctuaires, pour accompagner de nombreuses vies, pour essuyer de nombreuses larmes. Va simplement par les chemins du voisinage, de ta communauté, de ta paroisse comme mon ambassadeur, mon ambassadrice. Bâtis des sanctuaires en partageant la joie de savoir que nous ne sommes pas seuls, qu’elle chemine avec nous. Sois mon ambassadeur, nous dit-elle, en donnant à manger à l’affamé, à boire à celui qui a soif, accueille celui qui est dans le besoin, habille celui qui est nu et visite le malade. Va au secours du prisonnier, ne le laisse pas seul, pardonne à celui qui t’a offensé, console celui qui est triste, sois patient avec les autres et surtout supplie et prie notre Dieu. Et en silence, nous lui disons ce qui surgit dans notre cœur. Ne suis-je pas ta mère? Ne suis-je pas là? C'est ce que nous redit Marie. Va construire mon sanctuaire, aide-moi à bâtir la vie de mes enfants, qui sont tes frères".

Ceindre l’entière nation mexicaine de la fécondité de Dieu


Cité du Vatican, 14 février 2016 (VIS). Hier, le Saint-Père a quitté le Palais National pour gagner non loin la célèbre place centrale de la Constitution, sur laquelle se dresse la cathédrale métropolitaine bâtie au XVI siècle sur les ruines du centre cultuel de la capitale aztèque. Dans le grandiose édifice actuel, des XVII et XVIII siècles, les Evêques du Mexique attendaient le Pape qui s'est immédiatement déclaré heureux de les rencontrer. Evoquant les visites de Jean-Paul II, il a demandé si "le Successeur de Pierre, appelé du lointain sud latino-américain, pouvait-il se priver de l’opportunité de poser son regard sur la Morenita?".

"Sachant qu’ici se trouve le cœur secret de chaque mexicain, j’entre sur la pointe des pieds comme il convient d’entrer dans la maison ainsi que dans l’âme de ce peuple. Je vous suis profondément reconnaissant de m’ouvrir cette porte. Je sais qu’en contemplant le visage de la Vierge, j’atteins celui de votre peuple qui, en elle, a appris à se manifester. Je sais qu’aucune autre voix ne peut exprimer avec autant de profondeur le cœur mexicain comme la Vierge peut m’en parler. Elle protège ses plus hautes aspirations et ses espérances les plus cachées, elle recueille ses joies et ses larmes, comprend ses nombreuses langues et répond avec tendresse maternelle à ses enfants... Comme je voudrais que ce soit elle en personne qui vous exprime...tout ce que contient le cœur du Pape. Comme le fit saint Juan Diego et comme le firent les générations successives des enfants de la Guadalupana, le Pape désirait depuis longtemps pouvoir la regarder. Mieux, je voulais, moi-même, être sous son regard maternel. J’ai beaucoup réfléchi sur le mystère de ce regard et je vous prie d’accueillir ce qui jaillit de mon cœur de pasteur: Avant tout la Morenita nous enseigne que l’unique force capable de conquérir le cœur des hommes est la tendresse de Dieu. Ce qui enchante et attire, ce qui fait fléchir et vainc, ce qui ouvre et déchaîne, ce n’est pas la force des instruments ou la dureté de la loi, mais la faiblesse toute-puissante de l’amour divin, qui est la force irrésistible de sa douceur et la promesse irréversible de sa miséricorde". l'écrivain Octavio Paz "a dit qu’à la Vierge de Guadalupe, on ne demande plus l’abondance des récoltes ou la fertilité de la terre, mais qu’on cherche...un abri, un foyer. Des siècles après l’évènement fondateur de ce pays et de l’évangélisation du continent, le besoin de" cette protection maternelle "s’est-il estompé, est-il oublié?". Commentant ensuite le discours prononcé par Jean-Paul II le 22 janvier 1999, qui avait tracé les péripéties historiques du Mexique, le Saint-Père a affirmé que le christianisme est enraciné dans l'âme des Mexicains, dont l'histoire "ne s’est jamais révélée stérile, et dont les fractures menaçantes se sont toujours résorbées. C’est pourquoi je vous invite à repartir de ce besoin de protection maternelle qui émane de l’âme de votre peuple. La foi chrétienne est capable de réconcilier le passé souvent marqué de solitude, d’isolement et de marginalisation, avec l’avenir continuellement relégué à un lendemain qui s’esquive... Inclinez-vous donc, délicatement et avec respect, sur l’âme profonde de votre peuple...toujours attentifs à en déchiffrer sle mystérieux visage... La familiarité avec la douleur et la mort ne sont-elles pas des formes de courage et des chemins vers l’espérance? Percevoir que le monde doit être toujours et seulement sauvé n’est-ce pas un antidote contre l’autosuffisance arrogante de ceux qui croient pouvoir se passer de Dieu?".
"Soyez donc des évêques au regard limpide, à l’âme transparente, au visage lumineux. N’ayez pas peur de la transparence. L’Eglise n’a pas besoin d’obscurité pour travailler. Veillez à ce que vos regards ne soient pas obscurcis par les pénombres du brouillard de la mondanité. Ne vous laissez pas corrompre par le matérialisme trivial ni par les illusions séductrices des accords conclus en dessous de table. Ne mettez pas votre confiance dans les" promesses des puissants présents. "Le monde dans lequel le Seigneur nous appelle à accomplir notre mission est devenu très complexe... Les frontières si fortement invoquées et soutenues sont devenues perméables à la nouveauté d’un monde dans lequel la force de certains ne peut plus se maintenir sans la vulnérabilité des autres. L’irréversible caractère hybride de la technologie rend proche ce qui était lointain, mais malheureusement, il éloigne ce qui devrait être proche. Or c’est dans ce monde que Dieu vous demande d’avoir un regard capable de saisir l’interrogation fusant de votre peuple, l’unique qui a dans son calendrier une fête du cri. A ce cri, il faut répondre que Dieu existe et est proche à travers Jésus. Que seul Dieu est la réalité sur laquelle on peut construire... Dans vos regards, le peuple mexicain a le droit de trouver les traits de ceux qui ont vu le Seigneur, de ceux qui ont été avec Dieu... Ne perdez donc pas temps et énergies dans les choses secondaires, dans les commérages et les intrigues, dans les vains projets de carrière, dans les plans vides d’hégémonies, dans les clubs stériles d’intérêts ou de coteries. Ne vous laissez pas entraîner par les rumeurs et les médisances. Introduisez vos prêtres dans cette compréhension du ministère sacré. Nous autres, ministres de Dieu, la grâce de boire le calice du Seigneur, le don de protéger la part de son héritage qui nous est confiée, nous suffit, même si nous sommes des administrateurs inexpérimentés. Laissons le Père nous assigner la place qui nous a été préparée. Pouvons-nous vraiment nous occuper d’affaires autres que celles du Père? En dehors des affaires du Père, nous perdons notre identité et, de manière coupable, nous rendons vaine sa grâce. Si notre regard ne témoigne pas d’avoir vu Jésus, alors ses paroles dont nous faisons mémoire ne représenteraient que des figures rhétoriques vides".

Il est tout aussi important de porter attention aux jeunes: "Que vos regards soient capables de croiser leurs regards, de les aimer et de saisir ce qu’ils cherchent avec ce courage avec lequel beaucoup, comme eux, ont quitté barques et filets sur l’autre rive de la mer, ont abandonné des bancs d’extorsions en vue de suivre le Seigneur de la vraie richesse. Je suis particulièrement préoccupé par ceux d’entre eux qui, séduits par la puissance du monde, exaltent les chimères et se revêtent de leurs macabres symboles pour commercialiser la mort en échange de trésor qu’en fin de compte les mites et la rouille dévorent, et qui incite les voleurs à percer les murs. Je vous demande de ne pas sous-évaluer le défi moral et anti-civique que représente le narcotrafic pour la société mexicaine, y compris l’Eglise. La proportion du phénomène, la complexité de ses causes, l’immensité de son extension comme une métastase qui dévore, la gravité de la violence qui désagrège, tout comme ses connexions néfastes, ne nous permettent pas à nous, pasteurs de l’Eglise, de nous réfugier derrière des condamnations génériques. Mais tout cela exige un courage prophétique ainsi qu’un projet pastoral sérieux et de qualité, pour contribuer, progressivement, à resserrer ce délicat réseau humain, sans lequel tous, nous serions dès le départ vaincus par cette insidieuse menace. En commençant d’abord par les familles, en nous approchant et en embrassant la périphérie humaine et existentielle des territoires dévastés de nos villes, en impliquant les communautés paroissiales, les écoles, les institutions communautaires, les communautés politiques, les structures de sécurité. C’est seulement ainsi qu’on pourra se libérer totalement des eaux dans lesquelles malheureusement se noient tant de vies, que ce soit celle de celui qui meurt comme victime, que ce soit celle de celui qui devant Dieu aura toujours du sang sur les mains, même s’il a les poches pleines d’argent sale et la conscience anesthésiée". Les desseins de Dieu "sont déterminés par l’irréversibilité de son amour qui veut avec persistance s’imprimer en nous. Soyez, par conséquent, des évêques capables d’imiter cette liberté de Dieu en choisissant ce qui est humble pour rendre visible la majesté de son visage et de faire vôtre cette patience divine en tissant, avec le fil fin de l’humanité que vous trouvez, cet homme nouveau que votre pays espère. Ne vous laissez pas guider par le vain désir de changer de peuple comme si l’amour de Dieu n’avait pas assez de force pour le changer. Redécouvrez la constance sage et humble avec laquelle les pères de la foi de ce pays ont su introduire les générations successives dans la sémantique du mystère divin. D’abord, en apprenant, et ensuite, en enseignant la grammaire nécessaire pour dialoguer avec ce Dieu, caché durant les siècles de leur recherche et fait proche dans la personne de son Fils Jésus, qu’aujourd’hui tant de personnes reconnaissent dans la figure ensanglantée et humiliée, comme symbole de leur propre destin. Imitez sa condescendance et sa capacité de s’abaisser. Nous ne comprendrons jamais assez le fait qu’avec les fils métis de notre peuple Dieu a tissé le visage par lequel il se fait connaître! Jamais, nous ne serons assez reconnaissants. Je vous demande un regard d’une délicatesse singulière pour les peuples indigènes et pour leurs fascinantes cultures souvent occultées. Le Mexique a besoin de leurs racines amérindiennes pour ne pas être réduit à une énigme irrésolue. Les indigènes du Mexique attendent encore qu’on reconnaisse effectivement la richesse de leur contribution et la fécondité de leur présence pour assumer cette identité qui fait de vous une nation unique et non seulement une parmi d’autres".

Certains pensent que "l’Eglise au Mexique serait condamnée à choisir entre subir l’infériorité à laquelle elle a été reléguée à certaines périodes de son histoire, comme lorsque sa voix a été étouffée et qu’on a cherché à limiter sa présence, ou à s’aventurer dans les fondamentalismes pour réacquérir des certitudes provisoires en oubliant d’enraciner dans son cœur la soif de l’absolu et le fait qu’elle est appelée dans le Christ à réunir tous et non seulement une partie. Donc ne vous lassez pas de rappeler à votre peuple combien sont puissantes les racines anciennes qui ont permis la vivante synthèse chrétienne de communion humaine, culturelle et spirituelle qui a été forgée ici". Fidèles au Christ, "soyez capables de contribuer à l’unité de votre peuple, de favoriser la réconciliation de ses différences et l’intégration de ses diversités, de promouvoir la solution de ses problèmes endogènes... Je vous prie de ne pas tomber dans la paralysie de donner de vieilles réponses aux questions nouvelles... Malheur à vous, si vous vous endormez sur vos lauriers... Vous êtes assis sur les épaules de géants, des évêques, prêtres, religieux, religieuses et des laïcs, fidèles jusqu’au bout, qui ont offert leur vie pour que l’Eglise puisse accomplir sa mission... Je vous invite à vous fatiguer sans peur dans la mission d’évangéliser et d’approfondir la foi à travers une catéchèse mystagogique qui sache faire trésor de la religiosité populaire de vos gens. Notre temps demande une attention pastorale aux personnes et aux groupes, qui espèrent pouvoir aller à la rencontre du Christ vivant. Seule une courageuse conversion pastorale de nos communautés peut retrouver, générer et nourrir les disciples actuels de Jésus. Par conséquent, les pasteurs doivent surmonter la tentation de la distance et du cléricalisme, de la froideur et de l’indifférence, du triomphalisme et de l’auto-référentialité. La Guadalupe nous enseigne que Dieu a un visage familier, que la proximité et la bienveillance peuvent plus que la force... Seule une Eglise qui sait garder le visage des hommes qui vont frapper à sa porte est capable de leur parler de Dieu. Si nous ne déchiffrons pas leurs souffrances, si nous ne nous rendons pas compte de leurs besoins, nous ne pourrons rien leur offrir. La richesse que nous avons ne coule que lorsque nous rencontrons la petitesse de ceux qui mendient".

"Je vous supplie de protéger...vos prêtres. Ne les laissez pas exposés à la solitude et à l’abandon, en proie à la mondanité qui dévore le cœur. Soyez attentifs et apprenez à lire dans leurs regards pour vous réjouir avec eux lorsqu’ils sentent la joie de raconter ce qu’ils ont fait et enseigné, et également pour ne pas reculer lorsqu’ils se sentent un peu abattus et ne peuvent que pleurer parce qu’ils ont renié le Seigneur, et aussi pour les soutenir, en communion avec le Christ, quand l’un ou l’autre, sortira avec Judas dans la nuit. Que jamais, dans ces situations, ne manque votre paternité à vos prêtres" et "intégrez-les dans de grandes causes, car le cœur de l’apôtre n’a pas été fait pour des choses petites... L’Eglise, lorsqu’elle se réunit dans une majestueuse cathédrale, ne pourra s’empêcher de se comprendre comme un petite maison dans laquelle ses enfants peuvent se sentir à l’aise. On se maintient devant Dieu seulement si on est petit, si on se sent orphelin, si on est mendiant".


"Rien qu’en regardant la Morenita, on saisit entièrement le Mexique. Par conséquent, je vous invite à comprendre que la mission que l’Eglise vous confie demande ce regard qui embrasse la totalité. Et cela ne peut se réaliser de manière isolée, mais seulement en communion. La Gudalupana est ceinte d’une cordon qui annonce sa fécondité. C’est la Vierge qui a déjà dans son sein le Fils attendu par les hommes. C’est la Mère qui a déjà conçu l’humanité du nouveau monde naissant. C’est l’Epouse qui préfigure la maternité féconde de l’Eglise du Christ. Vous avez la mission de ceindre l’entière nation mexicaine de la fécondité de Dieu. Aucune partie de ce cordon ne peut être méprisée. L’épiscopat mexicain a accompli de remarquables progrès en ces années conciliaires" et les travaux pastoraux partagés "ont été fructueux dans les domaines essentiels de la mission ecclésiale tels que la famille, les vocations, la présence sociale". Ceci dit, "je vous demande de ne pas vous laisser décourager par les difficultés et de ne ménager aucun effort possible pour promouvoir, entre vous et dans vos diocèse, le zèle missionnaire, surtout en direction des régions qui ont le plus besoin de l’unique corps de l’Eglise mexicaine. Redécouvrir que l’Eglise est mission est fondamental pour son avenir, car seul l’enthousiasme, l’émerveillement convaincu des évangélisateurs a la force pour entraîner. Je vous demande, par conséquent, de prendre spécialement soin de la formation et de la préparation des laïcs, en surmontant toute forme de cléricalisme et en les impliquant activement dans la mission de l’Eglise, surtout dans la tâche de rendre présent, par le témoignage de leur propre vie, l’évangile du Christ dans le monde. Un témoignage unificateur de la synthèse chrétienne et une vision partagée de l’identité ainsi que du destin de vos gens aideraient beaucoup le peuple mexicain. Dans ce sens, il serait très important que l’Université pontificale du Mexique soit toujours davantage au cœur des efforts de l’Eglise pour assurer ce regard d’universalité sans laquelle la raison, réduite à des unités partielles, renonce à sa plus haute aspiration de recherche de la vérité... Dans le Christ glorifié, que les mexicains aiment honorer comme roi, allumez ensemble la lumière, soyez comblés de sa présence qui ne s’épuise pas... Il vous revient de semer le Christ dans cette terre, de maintenir allumée son humble lumière qui éclaire sans aveugler, d’assurer que la soif du peuple soit étanchée par ses eaux, d’étendre les voiles pour que le souffle de l’Esprit les déploie et que la barque de l’Eglise au Mexique ne fasse pas naufrage... Permettez-moi un dernier mot pour exprimer l’appréciation du Pape pour tout ce que vous faites afin d’affronter le défi de notre époque représentée par les migrations. Ce sont des millions d’enfants de l’Eglise qui vivent aujourd’hui dans la diaspora ou en transit, se déplaçant vers le Nord à la recherche de nouvelles opportunités. Beaucoup d’entre eux laissent derrière eux leurs propres racines pour aller à l’aventure, même dans la clandestinité qui implique tout genre de risques, en quête du feu vert qu’ils considèrent comme leur espérance... Puissent vos cœurs être capables de suivre ces personnes et de les rejoindre au-delà des frontières. Renforcez la communion avec vos frères de l’épiscopat des Etats-Unis d’Amérique pour que la présence maternelle de l’Eglise maintienne vivantes les racines de leur foi, les raisons de leurs espérances et la force de leur charité... L’empressement de vos diocèse à passer un peu de baume sur les pieds meurtris de ceux qui traversent vos territoires et à dépenser pour eux l’argent difficilement recueilli ne sera pas vain... Et puis le Pape est sûr que le Mexique et son Eglise arriveront à temps au rendez-vous avec eux-mêmes, avec l’histoire, avec Dieu. Peut-être une pierre en chemin retardera-t-elle la marche, et la fatigue du voyage exigera-t-elle un arrêt, mais ce ne sera jamais suffisant pour faire manquer le but. Car, peut-il arriver tard celui qui a une mère qui l’attend? Celui qui peut sentir sans cesse résonner dans son propre cœur ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?".

Le Pape s'adresse aux institutions et forces vives du Mexique


Cité du Vatican, 14 février 2016 (VIS). "Je viens comme missionnaire de miséricorde et de paix, comme un fils qui veut rendre hommage à sa mère, la Vierge de Guadalupe...mais aussi à ce peuple et à ce pays si riche de cultures, d’histoire et de diversité". Ainsi le Pape François a-t-il introduit hier au Palais National de Mexico son discours devant les autorités, la société civile et le corps diplomatique: "Le Mexique est un grand pays, doté d’abondantes ressources naturelles et d’une énorme biodiversité qui s’étend sur un territoire. Sa position géographique en fait un point de référence pour l’Amérique. Ses cultures indigènes, métisses et créoles lui confèrent une identité propre et une richesse culturelle qu’il n’est pas toujours facile de valoriser. La sagesse ancestrale liée à sa multi-culturalité est, de loin, l’une de ses meilleures ressources identitaires. Cette identité, qu’elle a appris progressivement à gérer dans la diversité, constitue sans doute un riche patrimoine à mettre en valeur, à promouvoir et à préserver... Cela offre espérance et perspective. Un peuple jeune est un peuple capable de se rénover, de se transformer... Cette réalité nous conduit inévitablement à réfléchir sur notre propre responsabilité dans la construction du Mexique que nous appelons de tous nos vœux, le Mexique que nous voulons léguer aux futures générations. Cela nous conduit à nous rendre compte également qu’un avenir d’espérance se forge dans la vie présente d’hommes et de femmes justes, honnêtes, capables de s’engager pour le bien commun, ce bien commun peu prisé en ce XXI siècle. L’expérience nous montre que chaque fois que nous cherchons la voie du privilège ou du bénéfice de quelques-uns au détriment du bien général, tôt ou tard, la vie en société devient un terrain fertile pour la corruption, le narcotrafic, l’exclusion des cultures différentes, la violence, y compris pour le trafic de personnes, la séquestration et la mort, causant la souffrance et freinant le développement".

"Le peuple mexicain met son espérance dans l’identité qui s’est forgée dans de durs et difficiles moments de son histoire par de remarquables témoignages de citoyens qui ont compris que, pour pouvoir surmonter les situations nées de la fermeture de l’individualisme, était nécessaire l’accord des institutions politiques, sociales et économiques, ainsi que celui de tous les hommes et femmes engagés dans la recherche du bien commun et dans la promotion de la dignité de la personne. Une culture ancestrale et un capital humain prometteur, comme les vôtres, doivent être la source d’inspiration pour que nous trouvions de nouvelles formes de dialogue, de négociation, de ponts capables de nous guider sur la voie de l’engagement solidaire. Un engagement dans lequel tous, en commençant par nous qui nous appelons chrétiens, nous devons nous consacrer à la construction d'une politique vraiment humaine et d’une société dans laquelle personne ne doit se sentir victime de la culture de rejet. Il revient, de façon spéciale, aux élites sociale, culturelle et politique, de travailler pour offrir à tous les citoyens l’opportunité d’être de dignes acteurs de leur propre destin, dans leur famille et dans tous les domaines où se développe la société humaine, en leur facilitant un accès réel aux biens matériels et spirituels indispensables: Logement décent, travail digne, nourriture, justice réelle, sécurité effective, un environnement sain et de paix. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire de lois qui exigent des mises à jour et des améliorations toujours nécessaires, mais d’une formation prioritaire à la responsabilité personnelle dans le plein respect de l’autre en tant que co-responsable de la promotion du développement national. C’est une tâche qui implique tout le peuple mexicain dans les diverses instances aussi bien publiques que privées, autant collectives qu’individuelles... Le Gouvernement mexicain peut compter sur la collaboration de l’Eglise catholique, qui a accompagné la vie de cette Nation et qui renouvelle son engagement ainsi que sa volonté de servir la grande cause de l’homme qu'est l’édification de la civilisation de l’amour. Je me prépare à parcourir ce beau et grand pays en missionnaire et pèlerin qui veut revivre avec vous l’expérience de la miséricorde comme un nouvel horizon de possibilité qui est inévitablement porteur de justice et de paix. J'en appelle à la Vierge de Guadalupe afin que, par son intercession, le Père miséricordieux fasse que ces journées soient une opportunité de rencontre, de communion et de paix pour l'avenir du Mexique".


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